La révolution Atlantique : de la Guerre d’Indépendance américaine aux révolutions européennes (XVIII e-début XIX e siècles)

 

 

 

 

 

L’historiographie française a longtemps considéré que la révolution Française, elle-même fille du mouvement des "Lumières" en France au XVIII e siècle, avait permis l’essor des libertés et de la démocratie en Europe et dans le monde, or une véritable chaîne de révolutions se produit au XVIII e siècle depuis la Révolution américaine fondée sur la conquête de l’indépendance (1775-83), voire même depuis les deux révolutions anglaises au XVII e siècle au cours de laquelle le Roi Charles Ier Stuart, qui avait tenté de restaurer l’absolutisme, est exécuté.

 

Avec la Révolution française (1789-99), éclatent des révolutions en Europe : à Genève (1782), aux Provinces-Unies (c’est-à-dire les Pays-Bas actuels de1781 à 87), dans les Pays-Bas autrichiens (Belgique actuelle de 1786 à 91), en Pologne (1791-94), en Irlande (1796-98) et en Italie (1798-1800), sans oublier une révolution caraïbe où l’esclavage est remis en question (1791-1804). Nous pourrions considérer d’ailleurs que ce vaste épisode révolutionnaire se termine en 1848 avec le « Printemps des peuples » en Europe.

 

Cette thèse d’une révolution atlantique soutenue par l’historien américain Robert Palmer et par l’historien français Jacques Godechot s’explique par la circulation des hommes (intellectuels, exilés, hommes politiques, marchands…) et des idées, à l’image des américains et hommes des « Lumières » Benjamin Franklin, Thomas Jefferson, qui voyagent entre l’Amérique et la France ou encore de l’anglais Thomas Paine qui se montre un ardent défenseur de la liberté dans les Treize colonies d’Amérique en 1776 et qui est plus tard élu député à l’Assemblée Législative dans la France révolutionnaire en 1792. Les droits estimés fondamentaux sont réclamés partout, notamment par la bourgeoisie qui se développe avec l’essor économique et aspire au pouvoir politique : l’égalité en droit (mais pas encore pour les femmes et les personnes de couleur…), les libertés (d’expression, de presse, de religion…) et les droits politiques : souveraineté populaire, séparation des pouvoirs. Cependant, chaque révolution possède ses spécificités.

 

En quoi, la guerre d’Indépendance américaine est-elle la première révolution d’une « révolution atlantique » qui déferle ensuite en France puis en Europe ? Quels sont les points communs et les spécificités de ces mouvements révolutionnaires ?

 

 

 

1_ La révolution américaine (1775-83), qui réussit, sert de modèle

 

 

 

Treize colonies anglaises se sont développées en Amérique du Nord ( Document 1) de Boston au Nord (en « Nouvelle-Angleterre » avec des puritains) aux Carolines et à la Géorgie au Sud (où se situent des plantations de coton dirigées par des colons anglicans), en passant par les grandes villes au centre (New York, Washington).

 

 

Document 1_les 13 colonies anglaises d'Amérique du Nord, carte Wikipédia
Document 1_les 13 colonies anglaises d'Amérique du Nord, carte Wikipédia

Des revendications fiscales sont à l’origine du mouvement d’indépendance.

Après la guerre de Sept ans (1756-63), les caisses Britanniques sont vides, le roi Georges III décide alors de surtaxer les prospères colonies américaines, alors que celles-ci ne sont mêmes pas représentées au Parlement à Londres et qu’elles ne peuvent guère s’industrialiser afin de ne pas concurrencer l’Angleterre, ces colonies étant surtout un marché réservé à la métropole anglaise. Le Roi Georges III d’Angleterre supprime cependant les taxes, sauf sur le thé : en 1773, les « Fils de la Liberté » jettent les cargaisons de thé amenées à Boston par les navires de la compagnie anglaise des Indes, d’où une répression de la part des autorités anglaises et la naissance d’un parti patriotique avec Benjamin Franklin (qui s’avère rapidement un grand négociateur,  Document 2

Document 2_Benjamin Franklin par Joseph Duplessis en 1785, National Gallery Washington
Document 2_Benjamin Franklin par Joseph Duplessis en 1785, National Gallery Washington

Après une décennie de tensions entre la Grande-Bretagne et ses colonies, les colons s’insurgent en 1775 entraînant la répression par les troupes anglaises : d’où la fusillade de Lexington et l’assaut anglais contre Bunker Hill près de Boston.

Le Congrès américain crée alors une armée dirigée par Georges Washington (Document 3).

Document 3_Le général Georges Washington par John Trumbull, Metropolitan museum of art, New York
Document 3_Le général Georges Washington par John Trumbull, Metropolitan museum of art, New York

Les insurgés sont cependant minoritaires parmi les colons britanniques et leur armée, bien que dirigée par un remarquable chef,  reste à construire et le manque d’expérience et de matériel engendrent de nombreuses défaites du côté des américains, malgré la prise de Boston aux anglais en mars 1776. Dans le sillage du pamphlet de Thomas Paine, « Common Sense », incitant en janvier 1776 les 13 colonies à s’unir dans la lutte contre les servitudes et la Monarchie,  le congrès américain réuni le 4 Juillet 1776 à Philadelphie (ville alors la plus peuplée), proclame l’indépendance des 13 colonies devenues les Etats-Unis d’Amérique vis-à-vis de l’Angleterre.

 

Document 4 _Déclaration d'Indépendance américaine, 1776
Document 4 _Déclaration d'Indépendance américaine, 1776

 

La Déclaration d’Indépendance (Document 4), dont le principal rédacteur est Thomas Jefferson  (document 5) a une valeur universelle en reconnaissant les droits fondamentaux , c’est-à-dire la liberté, l’égalité, le droit au bonheur et le droit du peuple de se révolter contre un régime tyrannique, ce qui fonde la souveraineté populaire et justifie la révolution contre l’Angleterre  : « tous les hommes sont créés égaux ; ils sont dotés par le Créateur de certains droits inaliénables; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur. Les gouvernements sont établis parmi les hommes pour garantir ces droits, et leur juste pouvoir émane du consentement des gouvernés. Toutes les fois qu'une forme de gouvernement ne respecte pas ce but, le peuple a le droit de la changer ou de l'abolir et d'établir un nouveau gouvernement ». Mais les femmes et les noirs ne profitent pas de ces droits.

 

 

 

Document 5_ Jefferson en 1791 par Charles Willson Peale, Independence National Historical Park, Philadelphie
Document 5_ Jefferson en 1791 par Charles Willson Peale, Independence National Historical Park, Philadelphie

 

A partir de 1778, le roi de France Louis XVI (Document 6) s’engage au côté des insurgés qui disposent désormais de ressources très importantes (voir l’article : « Les causes de l’intervention française dans la Guerre d’Indépendance d’Amérique sous le Roi Louis XVI». La France fournit aux insurgés d’importantes sommes d’argent et environ 12 000 hommes au total sont envoyés se battre en Amérique, plusieurs flottes de guerre françaises sont mobilisées. La guerre se solde par la victoire Américaine après de grandes batailles décisives comme Saratoga en 1777 remportée par le Général Américain Georges Washington et Yorktown remportée en 1781 par les forces Franco-américaines. (voir l’article : « le rôle des forces françaises dans la victoire des américains : de la bataille de baie de Chesapeake  à la bataille de Yorktown, septembre-octobre 1781 »).

 

Mais la Grande-Bretagne a peut-être été tentée de mettre fin à la guerre en Amérique à cause de troubles graves survenus en 1780 en Irlande et à Londres même où une insurrection sociale a été brisée par le gouvernement.

 

Document 6_Louis XVI par Antoine-François Callet en 1786, Musée Carnavalet
Document 6_Louis XVI par Antoine-François Callet en 1786, Musée Carnavalet

 

La constitution de 1787, élaborée par une Convention à Philadelphie fonde une République dont les trois pouvoirs sont séparés conformément aux idées de Montesquieu : le pouvoir exécutif appartient au président élu pour 4 ans, le pouvoir législatif appartient au Congrès (Chambre des représentants et Sénat) dont les membres sont alors élus au suffrage censitaire (les électeurs paient l’impôt, les pauvres ne votent donc pas) et le pouvoir judiciaire s’incarne dans la Cour Suprême. Georges Washington est le premier président à partir de 1789 à 1797, Thomas Jefferson est secrétaire d’Etat (soit ministre des Affaires étrangères), ensuite vice-président sous la présidence de John Adams de 1797 à 1801, puis président de 1801 à 1809.

 

 

 

Dans le prolongement de la guerre d’Indépendance et dans le contexte d’une dépression économique à partir de 1783, une révolte des fermiers endettés se produit dans le Massachusetts et dans toute la Nouvelle-Angleterre contre la pression fiscale et les saisies de leurs biens en 1786-87. Les paysans, armes à la main, obligent les cours de justice à suspendre leurs activités afin d’empêcher les saisies, ils tentent aussi de faire abolir leurs dettes. Cette situation explosive dans les campagnes américaines fait penser à la révolte des paysans français lors de « la Grande Peur » de l’été 89 contre les seigneurs et les châteaux.

 

                                                               

 

Enfin, la révolution américaine tente, en vain, de se diffuser vers le Canada et la Louisiane, comme la révolution Française en 1792 et surtout sous le Directoire à partir de 1995 et les Républiques sœurs créées aux Provinces Unies et en Italie.

 

 

 

2_ Plusieurs révolutions débutent en Europe avant la révolution Française et échouent à cause d’une intervention militaire extérieure

 

 

 

La révolution à Genève en 1782. Après la parution de l’ouvrage de Jean-Jacques Rousseau, Du Contrat social, les natifs suisses, qui sont les descendants des émigrés, s’emparent du pouvoir à Genève en 1782 avec l’aide de la bourgeoisie contre les patriciens, afin de fonder une République démocratique. Mais la révolution échoue à cause d’une intervention militaire du Roi de France et des Bernois et Zurichois sollicités par les patriciens.

 

 

 

La révolution aux Provinces-Unies (Pays-Bas actuels de 1781 à 87). Elle débute en 1781 à cause du prince-stathouder Guillaume V d’Orange qui veut instaurer une monarchie héréditaire. Alors que le pays  participe à la Guerre d’Indépendance américaine aux côtés des « Insurgents », la noblesse libérale et la bourgeoisie hollandaise, se révoltent, les révolutionnaires s’appellent, comme aux EU, ou plus tard en France, « patriotes », dont le leader Van der Capellen (Document 7), publie un « Discours au peuple des Pays-Bas » fin 81 dans lequel il revendique les libertés, l’égalité devant la loi, la souveraineté populaire et le droit de résister à l’oppression, soit beaucoup de similitudes avec la Déclaration américaine de 1776. Après l’insurrection, qui a débuté en 1783, le stathouder doit quitter La Haye en 1787.

 

Des déclarations de droits sont rédigées dans les villes où la bourgeoisie est déjà représentée et la souveraineté populaire est expérimentée. Le futur révolutionnaire français Mirabeau, qui s’est un moment exilé aux Provinces-Unies pour éviter l’emprisonnement en France suite à une lettre de cachet, est en relation avec les patriotes néerlandais et leur rédige même une Déclaration des Droits.

 

Mais cette révolution est écrasée par les prussiens, dont Guillaume V a sollicité l’aide en 1787. De nombreux patriotes des Provinces-Unies se réfugient alors dans les Pays-Bas autrichiens (Belgique actuelle) et en France.

 

Document 7_ Van der Capellen, républicain néerlandais, par Louis-Jacques Cathelin, fin XVIII e , Atlas van Stolk Foundation Rotterdam
Document 7_ Van der Capellen, républicain néerlandais, par Louis-Jacques Cathelin, fin XVIII e , Atlas van Stolk Foundation Rotterdam

 

La révolution dans les Pays-Bas autrichiens (Belgique actuelle) de 1786 à 91. La bourgeoisie revendique des droits, tel l’avocat Van der Noot qui critique dans un mémoire en 1787 le despotisme de l’Empereur Joseph II dont dépendent les Pays-Bas autrichiens. Les troubles se répandent alors dans les différents Etats de Belgique (Liège, Brabant…) qui publient en 1790 un Traité d’Union qui s’inspire des textes américains. Mais cette révolution échoue à cause d’une intervention armée autrichienne et allemande.

 

 

 

3_La révolution Française est la plus intense et la plus violente  (1789-99)

 

 

 

Comme aux Etats-Unis, des problèmes fiscaux appartiennent aux causes de la révolution Française, qui a aussi des causes plus profondes.

 

 

La Monarchie absolue subit un affaissement de l’autorité royale avec Louis XVI au pouvoir depuis 1774, un Roi extrêmement indécis et qui subit les influences contradictoires de son entourage. Or, le mouvement des « Lumières » qui s’épanouit en France au XVIII e siècle avec les grands philosophes (Voltaire, Diderot, Montesquieu, Rousseau) et se diffuse dans de nombreux pays avec des ouvrages comme L’Encyclopédie de Diderot (Document 8) et D’Alembert, critique l’absolutisme et revendique plus de libertés.

Document 8_Diderot par Louis Michel van Loo, musée du Louvre Paris
Document 8_Diderot par Louis Michel van Loo, musée du Louvre Paris

Les « Lumières » nourrissent les chefs de la Guerre d’indépendance américaine et en retour la participation française dans cette guerre en Amérique a passionné les partisans des libertés en France qui se recrutent dans la noblesse libérale et la bourgeoisie. La bourgeoisie qui dirige l’économie et revendique désormais de participer au pouvoir politique qui appartient au Roi et secondairement à la noblesse. C’est tout le sens d’un pamphlet qui a fait grand bruit : celui de Siéyes, Qu’est-ce que le tiers-état ?

 

La société française est alors particulièrement inégalitaire, fondée sur trois ordres : la noblesse et le clergé qui ne représentent que 3% des français et bénéficient de privilèges (exemption de la taille, impôt royal), alors que 97% des français se rangent dans le tiers-état constitué de la bourgeoisie, du petit peuple des villes et des paysans, ces-derniers (plus de 80% des français sont paysans) étant écrasés d’impôts : des impôts royaux (directs et indirects), ecclésiastiques (la dîme) et seigneuriaux (ou féodaux).

 

Mais ce sont les difficultés économiques de la Monarchie française qui débouchent sur la révolution. Le budget de l’Etat en 1788 est déficitaire du fait de dépenses excessives pour rembourser la dette qui est due en grande partie à la participation française à la Guerre d’Indépendance américaine qui a coûté à la France la somme astronomique de 2 milliards de livres-tournoi. D’autres dépenses liées au fonctionnement de la Cour à Versailles et aux pensions du Roi attribuées à la noblesse ne sont pas comblées par les recettes car les impôts royaux sont mal répartis et rentrent mal dans les caisses de l’Etat.

 

Or, plusieurs Contrôleurs généraux des Finances se succèdent pour résoudre le déficit financier en effectuant des réformes libérales, mais ils échouent tous à cause de l’opposition des privilégiés (notamment dans les Parlements) à toute réforme mettant en cause leurs privilèges : Turgot (1774-76), Necker (1776-81), Calonne (1783-87), puis Loménie de Brienne (1787-88).

 

 

 

Document 9_ Charles Eugène de la Croix de Castries, maréchal de France, par Joseph Boze après 1816, Versailles
Document 9_ Charles Eugène de la Croix de Castries, maréchal de France, par Joseph Boze après 1816, Versailles

 

C’est dans ce contexte que se situe la lettre du marquis Charles Eugène de la Croix de Castries, maréchal de France et ministre de la marine, adressée …au Roi Louis XVI en octobre 1785 (Documents 9).

 

Il évoque d’abord les difficultés du royaume: “l’excès de l’impôt (…)[dont] l’irrégularité de la repartition [risque de choquer] le peuple” et il redoute que “les affaires ruinent sourdement l’autorité royale”. En tant que gouverneur de Montpellier et de Cette (Sète aujourd’hui), le marquis connaît sans doute fort bien le problème fiscal: la taille qui ne pèse pas sur les privilégiés et les aides (impôts indirects) perçues par des Fermiers-généraux qui encaissent une commission trop lourde sur les impôts qu’ils prélèvent, sans oublier la gabelle, impôt sur le sel (très utilisé à l’époque pour conserver viandes et poissons) détestée par les paysans. Peut-être le marquis a t-il approuvé la réforme de Turgot entre 1774 et 76 lorsque celui-ci a supprimé la Ferme générale afin de collecter les aides directement par des officiers du Roi. Cette réforme ajoutée à d’autres mesures comme la réduction du montant des pensions des nobles, a permis de diviser le deficit par dix entre 1774 et 76, avant la disgrâce de Turgot et l’annulation de ses réformes et l’engagement militaire très coûteux de la France aux côtés des Etats-Unis.  La lettre du marquis prend alors un caractère très alarmant: “Si dans cette situation des choses, il n'y a personne à la tête des affaires qui ait la main assez forte pour contenir ou pour réprimer les corps politiques qui paraissent vouloir toujours envahir, il ne faut qu'une étincelle pour embraser le pays et le détruire ». Les « corps politiques » dont il est ici question sont sans doute les parlements, présents dans les grandes villes et dont les privilégiés majoritaires s’opposent aux réformes pourtant nécessaires. Charles Eugène de Castries appartient donc à la noblesse libérale qui souhaite des réformes.

 

Pour finir le marquis de Castries incite le Roi à reprendre en main fermement son pouvoir afin de relever les défis du moment : «La considération est un résultat qui dépend de l'ensemble de la conduite d'un bon gouvernement et non pas de celle de tel ou tel ministre en particulier, mais de l'unité de leurs opérations, de l'esprit de justice qui y préside et de la fermeté qui en assure l'exécution. Il n'y a que Votre Majesté, Sire, qui puisse donner à votre autorité ce qui lui manque ». Suggère t-il plus loin au Roi de créer un poste de Premier ministre, que Louis XIV avait supprimé ? « Si le roi n'est pas dans l'intention de donner à son empire le temps et l'intérêt que de si vastes possessions exigent, il faut que Sa Majesté se fasse suppléer afin qu'il y ait toujours un centre commun auquel toutes les branches de l'autorité se rapportent ». Cette suggestion faite au Roi est particulièrement courageuse car le marquis considère ici que Louis XVI est dispersé ou pas suffisamment motivé pour résoudre les difficultés.

 

Le signal d’alarme que constitue cette lettre ne sera pas entendu par le Roi, ainsi que les autres mises en garde de ses Contrôleurs généraux des finances… La monarchie française est alors un navire désemparé dans la tempête, faute d’un solide capitaine indiquant le cap.

 

Louis XVI se range alors à l’idée de convoquer les Etats-Généraux, formés de deputes élus ( au suffrage censitaire masculine à deux degrés) des trois ordres afin de trouver des solutions au problème financier. Suite à l’élection des deputés début 89, les français sont invités à rédiger leurs cahiers de doléances qui serviront de base de travail aux Etats-Généraux.

 

Ces cahiers, qui ont été rédigés dans chaque ordre, village et ville, constituent un témoignage capital sur la société et l’économie de la France en 1789: des cahiers du Tiers réclament une constitution limitant les pouvoirs du Roi, l’abolition des droits féodaux, par rachat, mais la noblesse veut garder ses privilèges et ses droits féodaux.

 

 

 

Paris, capitale du mouvement des «  Lumières » au XVIII e siècle qui a nourri tous les révolutionnaires du monde avec la diffusion des idées et revendications des philosophes français, est le lieu où se regroupent des révolutionnaires provenant d’autres pays, ces patriotes demandant d’ailleurs l’intervention de la France pour exporter la révolution française dans leur pays d’origine. L’effervescence de Paris (Document 10: plan de Paris sous la Révolution) est donc bien réelle avec les clubs révolutionnaires, les loges maçonniques, la presse (l’ami du peuple de Marat, le père Duchesne d’Hébert), les lieux emblématiques de la révolution française et des grandes journées révolutionnaires : la Bastille où la prison royale, symbole de l’absolutisme (les lettres de cachet) est prise le 14 juillet 1789 (Document 11), le château des Tuileries où réside la famille royale à parti d’octobre 1789 , la salle du Manège où siège l’Assemblée, le champ de mars où les parisiens se retrouvent pour s’unir (lors de la fête de la Fédération le 14 juillet 1790) ou s’affronter (le 17 juillet 1791) et la place de la révolution (la Concorde) où sont guillotinées les personnes menaçant la révolution à partir de 1793.

 

Document 10_ Paris sous la Révolution
Document 10_ Paris sous la Révolution
Document 11_ La prise de la Bastille par Jean Pierre Houël, 1789, estampes BNF
Document 11_ La prise de la Bastille par Jean Pierre Houël, 1789, estampes BNF

 

Thomas Jefferson, francophile, esprit des « Lumières » attaché aux droits de l’Homme, est ambassadeur des Etats-Unis à Paris de 1785 à 89 (il devient ensuite secrétaire d’Etat aux EU) ; il assiste donc aux débuts de la Révolution et la Déclaration d’Indépendance de 1776 dont il est l’auteur principal,  énonce plusieurs droits fondamentaux qui influencent  la Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen d’août 89 (Document 12) qui a une vocation universelle.

Document 12_ Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, 26 août 1789, musée Carnavalet Paris, 1896
Document 12_ Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, 26 août 1789, musée Carnavalet Paris, 1896

 

Comme la Déclaration d’Indépendance américaine, la Déclaration française rappelle aux gouvernants les « droits naturels et inaliénables » de l’Homme : les libertés (d’expression, de presse, de religion : articles 1, 2, 4, 10 et 11), l’égalité en droits, (articles 1 et 6) face à la loi et pour des « citoyens (…) également admissibles à (…) toutes places et emplois publics » (ce qui supprime définitivement, avec l’abolition des ordres et des droits féodaux décidée la nuit du 4 août 89, la vénalité des offices qui permettait exclusivement aux nobles de devenir officiers dans l’armée ou l’administration royale), sans oublier les droits politiques : la « résistance à l’oppression » (article 2, ce qui légalise là aussi des révoltes populaires comme le 14 juillet 89), la souveraineté populaire (article 3, qui se réfère au principe de Diderot) et la séparation des pouvoirs (article 16, qui relève de l’influence de Montesquieu). Mais la propriété est « un droit inviolable et sacré » (article 17) : cette Déclaration, influencée par les « Lumières », exprime bien l’idéal de la bourgeoisie et a une valeur universelle.

 

 

 

La révolution Française connaît un processus de radicalisation jusqu’en 1794 : la révolution progresse avec des partis toujours plus à gauche qui accèdent au pouvoir. 

 

Le Roi Louis XVI, dont les pouvoirs ont été réduits dès 1789 par les Etats-Généraux proclamés Assemblée Nationale le 17 juin 1789, puis Assemblée Nationale Constituante début juillet, ne possède plus que le pouvoir exécutif en application de la constitution de 1791 ( première constitution française) qui fonde une Monarchie constitutionnelle et adopte une séparation des pouvoirs exécutif (le Roi n’est plus de droit divin), législatifs (l’Assemblée Législative, dont les députés sont élus au suffrage censitaire à deux degrés par des « citoyens actifs » payant des impôts et élisant des « électeurs » qui élisent à leur tour les députés) et judiciaire. Les juges sont désormais élus, comme les administrations et le clergé dans les circonscriptions créées (des départements aux communes), ce qui donne de nouveaux droits aux français et traduit une volonté de décentralisation contre la forte centralisation de la Monarchie absolue. Cette constitution française est influencée par la constitution américaine de 1787. Mais la Monarchie constitutionnelle s’avère un échec avec la fuite du Roi en juin 1791, qui est considérée comme une trahison.

 

Après la chute du Roi le 10 août 1792 du fait de l’intervention des sans-culottes parisiens (révolutionnaires parisiens armés) au château des Tuileries, une République est créée dirigée par une nouvelle assemblée élue au suffrage universel, la Convention, dominée d’abord par les Girondins, députés de la bourgeoisie voulant arrêter le processus révolutionnaire. Mais, dépassés par la situation qu’ils ont contribué à créer, notamment par leur volonté d’exporter la révolution en Europe qui a provoqué la formation d’une coalition européenne contre la France alors envahie, les Girondins doivent céder le pouvoir aux Montagnards le 2 juin 1793 à cause d’une nouvelle intervention armée des sans-culottes parisiens qui constituent un moteur de la révolution.

 

Document 13_ Robespierre en 1790, un démocrate devenu un dictateur en 1793-94 pour le "Salut public",auteur inconnu, musée Carnavalet Paris
Document 13_ Robespierre en 1790, un démocrate devenu un dictateur en 1793-94 pour le "Salut public",auteur inconnu, musée Carnavalet Paris

 

Les Montagnards, dirigés par Maximilien Robespierre (Document 13), élaborent une constitution très démocratique fondée sur le suffrage universel, mais elle n’est pas appliquée à cause de la situation grave : la France est envahie par les puissances européennes, les vendéens contre-révolutionnaire se soulèvent, ainsi que les girondins dans les villes de Province. Les montagnards mettent alors entre parenthèse les libertés et instaurent  une dictature de « salut public » afin de mieux lutter contre les dangers menaçant la République, mais où les excès et dérives sont nombreux sous la Terreur jusqu’en juillet 1794 qui envoie à la guillotine de nombreux « suspects » (définis par une loi des suspects). Après la chute de Robespierre le 27 juillet 1794 (soit le 9 Thermidor an II du calendrier révolutionnaire qui débute avec la République en septembre 92), une République bourgeoise et modérée se met en place : le Directoire, qui tente de mettre fin à la révolution.

 

 

 

 Cette radicalisation implacable de la révolution française de 1789 à 94 exerce d’ailleurs une forte influence sur d’autres pays européens

 

Mais il est à noter que seule la révolution française voit une violence institutionnalisée sous la Terreur montagnarde, alors que dans les autres pays que la France la violence n’est qu’épisodique : aux Etats-Unis par exemple, les colons loyalistes, c’est-à-dire fidèles au Roi d’Angleterre, sont généralement pardonnés, sauf violence caractérisée à l’encontre des insurgés.

 

Les patriotes étrangers vivant à Paris et qui ont de l’influence dans leur pays d’origine sont souvent passionnés par la radicalisation de la révolution française. Ces révolutionnaires exilés à Paris réclament généralement une intervention militaire française pour instaurer les libertés et libérer leurs amis emprisonnés, mais ils ne veulent pas d’une domination française.

De fait, la France du Directoire (1795-99), qui, après la victoire de Fleurus (1794), a reconquis la Belgique (qui est annexée), la Rhénanie et même les Pays-Bas, créé des « Républiques-sœurs » en Europe (voir carte 14) dans les pays libérés des souverains, notamment aux Provinces-Unies, en Italie et en Suisse.

Document 14_ La Révolution Française et l'Europe, manuel d'Histoire de seconde Magnard, 2010
Document 14_ La Révolution Française et l'Europe, manuel d'Histoire de seconde Magnard, 2010

 

Ce sont des républiques alliées et dépendantes de la France qui s’inspirent de la constitution du Directoire, paient des contributions forcées à la France, notamment pour entretenir les troupes françaises et doivent signer un traité de commerce avantageux pour la France, sans oublier des œuvres d’art prélevées par les français afin d’approvisionner le musée du Louvre…Ainsi, en se voulant « la grande Nation » qui exporte la révolution française et les droits de l’Homme en Europe, la France, Etat alors le plus puissant d’Europe, est en réalité expansionniste et souvent contestée dans les pays « libérés ».

 

 

4_ La Révolution Française s’exporte en Europe

 

 

 

La Révolution Française a eu un impact dans toute l’Europe, elle a suscité des sympathies mais aussi une forte hostilité : on parle alors de Contre-Révolution.

 

En Grande-Bretagne, dès 1789 les dissidents religieux approuvent l’émancipation des protestants français, des clubs se créent à l’image des clubs Jacobins français et revendiquent une réforme du système électoral, mais ils sont réprimés à partir de l’entrée en guerre de la Grande-Bretagne contre la France en 1793.

 

Ce mouvement révolutionnaire est à l’origine de l’insurrection irlandaise de 1798, qui est écrasée par les forces britanniques, malgré une tentative française de secourir les insurgés par l’envoi d’une flotte de débarquement en Irlande.

 

Mais la Grande-Bretagne est aussi le pays où l’ouvrage contre-révolutionnaire le plus célèbre est écrit par Edmond Burke : « Réflexions sur la Révolution de France ».

 

 

 

En Allemagne, les classes éclairées auxquelles appartiennent des intellectuels comme Kant ou Fichte, mais aussi des membres des classes populaires (paysans, commerçants…) accueillent avec espoir les progrès des libertés en France. Fin 1792, des patriotes allemands de la rive-gauche du Rhin, occupée par les armées françaises, demandent leur rattachement à la France.

 

 

 

Aux Provinces-Unies (Pays-Bas) libérées de leur stathouder en 1795 par l’intervention des armées françaises, la première République-soeur créée est la République Batave. La constitution du Directoire inspire donc la constitution batave, mais celle-ci est plus libérale en instaurant le suffrage universel (sauf pour les femmes et les pauvres) alors que la constitution française de 1795 reprend le suffrage censitaire à deux degrés créé par la constitution de 1791 qui ne donne le droit de vote qu’à des « citoyens actifs » payant des impôts et élisant des « électeurs » qui élisent à leur tour les députés des deux Conseils qui possèdent le pouvoir législatif , voilà pourquoi on parle d’une République bourgeoise en France. En outre la constitution batave énumère des droits sociaux (l’assistance aux pauvres et le droit au travail) notamment).

 

 

 

En Italie,  des clubs révolutionnaires se créent avec des leaders comme Buonarroti, un proche du communiste français Babeuf qui aspire à une révolution égalitaire dans toute l’Europe, mais ces deux révolutionnaires sont arrêtés.

 

A partir de 1795, le Directoire crée plusieurs Républiques-Sœurs en Italie, notamment les républiques-soeurs cisalpine et romaine (voir carte).

 

La République Cisalpine est créée par Bonaparte (Document 15). Ce jeune général corse multiplie les victoires contre les piémontais et les autrichiens (Arcole, Rivoli) et marche sur Vienne qui demande alors l’armistice. Il signe avec l’Autriche le traité de Campo-Formio en 1797, qui partage l’Italie entre l’Autriche et... Bonaparte, qui obtient la Lombardie qui devient la première République-sœur italienne, la République Cisalpine, où Bonaparte tient une véritable cour. Or, le Directoire ne peut guère s’opposer à Bonaparte car il est prestigieux du fait de ses victoires et il prélève en Italie des contributions (et oeuvres d’art..) dont profite le Directoire. Par ailleurs, Bonaparte sauve par deux fois le Directoire, en octobre 95 (13 vendémiaire dans le calendrier révolutionnaire qui est toujours utilisé) où Bonaparte écrase une émeute royaliste à Paris et en septembre 97 (18 Fructidor) où le Directoire fait un coup d’Etat (avec le soutien de Bonaparte) contre les députés royalistes qui ont été élus et sont majoritaires dans les Conseils : les royalistes sont invalidés et arrêtés.

 

 

 

Document 15_Bonaparte au pont d'arcole par Gros, 1796, Versailles
Document 15_Bonaparte au pont d'arcole par Gros, 1796, Versailles

 

Si ces républiques-sœurs ont une constitution similaire à celle du Directoire (et subissent aussi les coups d’Etat qui ont lieu à Paris sous le Directoire), la constitution de la République-sœur de Naples créée en 1799 intègre  le droit de résister à l’oppression. 

 

Mais des patriotes italiens rêvent déjà d’une République italienne, rêve qui se renforce encore avec l’occupation autrichienne de l’Italie en 1799.

 

 

 

A Genève et en Suisse, l’agitation révolutionnaire reprend  sous l’influence de la révolution Française : en 1792, les démocrates prennent le pouvoir à Genève et suppriment les catégories sociales. Des patriotes suisses demandent au Directoire d’intervenir pour propager la révolution en Suisse : en 1798, une République-sœur  Helvétique est créée à la suite de l’intervention des armées françaises.

 

 

 

En Hongrie, des complots dans la petite noblesse pauvre, mais aussi chez des démocrates revendiquant des droits  (par exemple l’abolition du servage) sont démantelés.

 

 

 

En Pologne, un mouvement révolutionnaire s’est développé de 1790 à 94. Le Roi Stanislas-Auguste Poniatowski, « despote éclairé », influencé par des patriotes comme Jean Potocki,  promulgue une constitution en mai 1791, qui, bien qu’elle donne peu de droits supplémentaires (elle n’abolit pas le servage), inquiète la Russie et la Prusse qui occupent et partagent la Pologne, malgré la révolte de Kosciusko (Document 16), officier polonais ayant combattu en Amérique et promoteur de réformes sociales (abolition du servage). La Pologne disparaît pour l’instant de la carte européenne.

 

 

 

 

Document 16_ Tadeusz Kościuszko  célèbre officier polonais, estampe de F Bonneville 1797, BNF
Document 16_ Tadeusz Kościuszko célèbre officier polonais, estampe de F Bonneville 1797, BNF

 

En France, le dernier coup d’Etat qui est fatal au Directoire se produit le 9 novembre 1799 (18 Brumaire) Bonaparte (allié à la bourgeoisie) et ses soldats chassent les députés jacobins de leur salle : le Consulat est fondé et Napoléon Bonaparte devient le Premier Consul doté de grands pouvoirs, c’est la fin de la Révolution.

 

 

 

Le Consulat (1799-1804) qui se poursuit avec le Premier Empire (1804-1815) arrête la révolution en réconciliant les français, instaure un régime personnel, autoritaire et conquérant en Europe, mais il prolonge aussi les acquis révolutionnaires en France et en Europe occupée : la notion d’égalité en droits est inscrite dans le Code civil de 1804.

 

 

5_La révolution caraïbe : la question de l’esclavage dans les colonies (1791-1804)

 

 

 

La plupart des révolutionnaires, bien qu’ils pensent « liberté et égalité » n’envisagent pas d’abolir l’esclavage : Thomas Jefferson et Georges Washington sont des planteurs esclavagistes et ne placent pas les noirs sur le même pied d’égalité que les blancs. Ils peuvent envisager des affranchissements individuels, non une abolition collective. L’économie du sud des EU repose sur l’esclavagisme dans les plantations qui est défendu par les planteurs, armateurs et colons. La révolution américaine est donc une révolution blanche faite par les colons.

 

Le mouvement abolitionniste progresse cependant en Europe (en Angleterre surtout et plus ponctuellement dans les autres pays) au XVIII e siècle et plonge ses racines dans les valeurs chrétiennes et humanistes. En France l’abolition de l’esclavage est défendue par Montesquieu et l’abbé Grégoire.

 

Les mentalités évoluent petit à petit : Des sociétés des amis des Noirs se créent à Londres (1787) et à Paris en 1788, sous l’impulsion de Mirabeau, qui n’envisage pas cependant une abolition immédiate.

A St Domingue, île à sucre, les esclaves noirs, qui représentent 85% de la population de l’île (soit 500 000 esclaves) se révoltent en 1791

 

Doc 17_Toussaint Louverture,  billet de Banque haïtien
Doc 17_Toussaint Louverture, billet de Banque haïtien

 

Un des chefs est Toussaint Bréda surnommé Toussaint Louverture (document 17 ), un ancien esclave affranchi et autodidacte qui s’avère un bon chef militaire et qui se rallie à la République en 1794 après que la Convention Montagnarde ait aboli l’esclavage en août 93. Promu général en 1796, il devient gouverneur de St Domingue en 1797, fonction confirmée par le Premier Consul Bonaparte en 1801. Mais Toussaint fonde alors un régime autoritaire et personnel, l’île devenant autonome, d’où l’envoi par Bonaparte d’un puissant corps expéditionnaire qui entraîne la défaite de l’armée de Toussaint en 1802 et sa déportation en métropole (où il meurt en 1803).

 

Le Premier Consul Napoléon Bonaparte rétablit l’esclavage en mai 1802, en tenant compte il est vrai des enjeux géopolitiques : en Martinique, les planteurs ayant refusé l’abolition de l’esclavage, ont offert l’île aux anglais qui est occupée de 1793 à 1816.

 

Enfin le 1er janvier 1804, les noirs de St Domingue, dirigés par un ancien lieutenant de Toussaint, Jacques Dessalines, l’emportent sous les accents de « La Marseillaise » dans la guerre de reconquête engagée par les troupes françaises : St Domingue devient indépendante sous le nom de République d’Haïti, c’est en réalité une dictature noire.

 

Dans les autres territoires français, la guerre de reconquête a restauré l’esclavage en Guadeloupe et en Guyane.

 

 

 

6_ En 1848,  lorsque la France entre à nouveau en révolution, toute l’Europe est secouée

Document 18_ La Liberté guidant le Peuple, Eugène Delacroix, 1830, Le Louvre Lens
Document 18_ La Liberté guidant le Peuple, Eugène Delacroix, 1830, Le Louvre Lens

 

Le dernier courant révolutionnaire majeur en Europe est le Printemps des peuples en 1848. Partout en Europe, les peuples se rebellent désirant plus de libertés, leur indépendance ou l’unification de leur pays comme en Italie ou en Allemagne. En France, après l’éphémère révolution parisienne de 1830 qui a permis au peintre Delacroix de réaliser un tableau emblématique représentant le peuple de France en révolte pour sa Liberté (Document 18) le dernier roi Louis Philippe est renversé en 1848, la seconde république est proclamée, Louis Napoléon Bonaparte, le neveu de Napoléon 1er est élu Président au suffrage universel masculin. L’esclavage est durant la même année aboli en France par le décret de Victor Schœlcher.

 

En Autriche, des émeutes déstabilisent l’Empereur, le jeune François Joseph qui doit quitter la capitale avec son chancelier Metternich, les étudiants manifestent dans les rues de Vienne, ces émeutes sont durement réprimées par l’armée. En Allemagne et en Italie, le peuple des villes manifeste pour obtenir une unification. Les autrichiens répriment les insurgés Italiens menés par des révolutionnaires comme Mazzini ou Garibaldi. Hormis en France, l’armée a écrasé ces mouvements révolutionnaires.

 

 

 

 

 

Les courants révolutionnaires du XVIIIe et début XIXe siècles s’inspirent de la révolution américaine de 1775-83 et de la révolution française de 1789-99. La révolution américaine a servi de modèle aux révolutions européennes. A cette époque les peuples ont tous le même souhait : obtenir des libertés et une société égalitaire après des siècles de monarchie inégalitaire, quant à la bourgeoisie, elle aspire au pouvoir politique. Ces révolutions ont été guidées par les principes des philosophes des Lumières. La révolution Française, qui se situe dans le sillage de la révolution américaine, a eu une grande influence en Europe et dans le monde, la France est la « Grande Nation » qui exporte  en Europe ses principes révolutionnaires, sans toutefois toujours les respecter dans les pays délivrés de leurs souverains : tout dépend de l’éthique des gouvernants, mais Robespierre, surnommé « L’incorruptible », ne voulait pas, lui, exporter la révolution française : « la liberté ne s’apporte pas à la pointe des baïonnettes » s’était-il écrié à l’Assemblée Législative lors du débat sur la guerre en avril 92.

 

Après 1848, les pouvoirs des rois se sont considérablement amenuisés. Le printemps des peuples n’a pas marqué la fin des monarchies mais la fin de l’absolutisme. La France a souvent participé à l’émancipation des peuples, même si parfois elle aura été maladroite.

 

 

Sources consultées :

 

 

Cours d’Histoire de seconde de C. MAZOUYER

 

Robert R. PALMER, 1789: les Révolutions de la liberté et de l’égalité, Calman-Lévy, 1968

 

Jacques GODECHOT, La Grande Nation, 1956

 

Jacques GODECHOT, Les révolutions, 1770-1799, Nouvelle-clio PUF

 

Jacques GODECHOT, La pensée révolutionnaire, 1780-99, U-Colin, 1964

 

Annie JOURDAN, La Révolution, une exception française ? Flammarion, 2004

 

Olivier PETRE-GRENOUILLEAU Les traites négrières. Essai d’histoire globale, Gallimard 2004

 

Louis-Pascal JAQUEMOND, Les révolutions atlantiques, article sur Internet

 

B. KARSKY, Protestation et révolte agraires dans la révolution américaine, Annales historiques de la Révolution française, N.226, octobre 1976

 

Nos remerciements à Patrick BERNIER, membre de l’Association des amis du château de Castries, qui nous a procuré la lettre du marquis de Castries adressée au Roi Louis XVI en 1785

 

 

 

 

Synthèse effectuée par C. MAZOUYER à partir des sources ci-dessus et des travaux des élèves de Seconde 8 du Lycée Pompidou : Tiffany BATICLE, Célia DOMPIETRINI, Hugo MONTAGNE, Ba Phuong Mai PHAM, Ilona ROUQUIER-SEVAJOL, et Benjamin SERP.                                                                                                               Juin 2017