La frégate l'Hermione, trait d’union entre la France et les Etats-Unis

 


La première frégate l'Hermione est le premier lien d'amitié qui lie la France et les Etats-Unis avec La Fayette qui part sur cette frégate pour défendre l' indépendance des Etats-Unis en 1780.

 

Document 1_  L'Hermione au combat de Louisbourg en 1781 par AL de Rossel de Cercy
Document 1_ L'Hermione au combat de Louisbourg en 1781 par AL de Rossel de Cercy

 

1_ la frégate l'Hermione de La Fayette au XVIII e siècle, « la frégate de la liberté  »

 

Une frégate française du XVIII e s

 

L’Hermione est un navire de guerre français en service de 1779 à 1793. Elle est construite par l'arsenal de Rochefort en 11 mois dans le contexte de la guerre d'Indépendance opposant l'Angleterre aux insurgés américains alliés bientôt à la France de Louis XVI. La France reconstitue alors sa marine de guerre depuis ses défaites face à l'Angleterre pendant la guerre de Sept ans achevée en 1763.

C'est une frégate portant 26 canons de 12 livres (bien qu'à l'origine elle en ait porté 34) et 6 canons supplémentaires de 6 livres. Elle fait partie des frégates de la classe Concorde, construites à partir de 1777 à l'arsenal de Rochefort.

Ce type de navire léger escorte les navires marchands, chasse les frégates ennemies, défend les côtes et assure des liaisons rapides entre les escadres et les ports.

Elle possède environ 200 hommes dont 150 marins expérimentés et aussi des soldats, le commis chargé de seconder le capitaine pour ravitailler le navire, le cuisinier, le médecin, l'aumônier . Les hommes manquent de place sur le navire et n'ont aucun chauffage.

 

Caractéristiques de l'Hermione :

Histoire

Architecte

Henri Chevillard, ingénieur

Chantier naval

Arsenal de Rochefort

Fabrication

Coque en chêne

Lancement

1779 (coule en 1793)

Équipage

Équipage

255 à 316 marins

Caractéristiques techniques

Longueur

66 m (mât de pavillon compris)

Longueur de coque

44,20 m

Maître-bau

11,5 mètres

Tirant d'eau

4,94 m

Tirant d'air

46,9 m

Déplacement

1 166 tonnes à vide

Hauteur de mât

56,5 m (grand mât)
35 m (artimon)

Voilure

2 200 à 3 315 m2

Caractéristiques militaires

Armement

26 canons de 12 livres
8 canons de 6 livres

Carrière

Armateur

Marine française

Pavillon

 Marine royale française
 Marine de la République


L'Hermione et La Fayette

 

L'Hermione est connue pour avoir conduit pour sa deuxième traversée le jeune marquis de La Fayette (document 2) aux Etats-Unis en1780, lui permettant de rejoindre les insurgés américains en lutte pour leur indépendance. La Fayette a en effet épousé la cause des indépendantistes américains pour laquelle, à l'âge de 19 ans dès 1777 il a rejoint les Etats-Unis afin de se battre aux côtés du général américain George Washington. De retour en France en 1779 et accueilli en héros, il milite pour un engagement militaire de la France aux Etats-Unis, il voit pour cela le Roi Louis XVI qui le charge alors de la mission d'annoncer au général Washington l'envoi de renforts, soit 5000 hommes placés sous les ordres du comte de Rochambeau, d'où le deuxième voyage de La Fayette aux EU. Le 20 mars 1780, La Fayette part sur l'Hermione non loin de Rochefort, qui est alors un port de guerre français, plus précisément au large de l'île d'Aix à Port-des-barques et embarque avec 200 hommes à bord de la frégate commandée par le capitaine Latouche-Tréville, un marin audacieux et aimé de ses hommes qui ont eu l'occasion de s'entraîner sous les ordres de leur capitaine.

Dans l'équipage figure Anne Jean Jacques Scipion de la Croix de Castries, qui à 24 ans est enseigne de vaisseau et  rédigera plus tard ses souvenirs maritimes avant la révolution française.

 

  La frégate arrive à Boston en mai 1780 après 38 jours de traversée en étant passé au sud des Açores. La Fayette est accueilli en héros. Aux EU, La Fayette joue un rôle important à la bataille de Yorktown en 1781.

 En mai 1781 la frégate reçoit le jeune Congrès américain à son bord. L'Hermione a combattu avec succès plusieurs frégates anglaises successives en 1781

Document 2_ Le marquis de La Fayette s'engage à l' âge de 19 ans en faveur de la cause de l'indépendance américaine, Revue "Chasse-marée", Hors-série N. 1, avril 2015
Document 2_ Le marquis de La Fayette s'engage à l' âge de 19 ans en faveur de la cause de l'indépendance américaine, Revue "Chasse-marée", Hors-série N. 1, avril 2015

 

Qu'est devenue l’Hermione après sa glorieuse mission en Amérique ?

 

La France rentre à nouveau en guerre en 1792 sous la Révolution et ce type de navire reprend donc du service. L’Hermione va reprendre sa mission d’escorte de navires marchands notamment en Inde.

 

En 1793, l’Hermione dirigée par le capitaine Pierre Martin surveille les côtes de Vendée où des forces contre-révolutionnaires peuvent débarquer, puis escorte un convoi vers Brest et heurte le rocher du Four au large du Croisic. La coque éclate sous le choc et le Capitaine Martin fait évacuer l’équipage, l’Hermione sombre quelques heures plus tard. Il n'y a aucun blessé.

 

L'épave de l'Hermione a été retrouvée en 1984 par des passionnés d'archéologie sous-marine. Quelques éléments du navire, dont son ancre et deux canons, ont été déposés dans la réserve du musée des ducs de Bretagne à Nantes.

 

Une autre frégate, la troisième portant ce nom mythologique, est construite sous le Premier Empire à l'arsenal de Lorient.

 

Rochefort est le port d'attache de l'Hermione, par laquelle La Fayette apporta le soutien de la France aux indépendantistes américains en 1780. C'est aussi dans ce port que la réplique de l'Hermione est née.

 

 

2_ la réplique de la frégate l'Hermione

 

Document 3_ Revue "Chasse-marée" d'avril 2015 consacrée à l'Hermione reconstruite à Rochefort de 1997 à 2014 et partie aux Etats-Unis en 2015
Document 3_ Revue "Chasse-marée" d'avril 2015 consacrée à l'Hermione reconstruite à Rochefort de 1997 à 2014 et partie aux Etats-Unis en 2015

 

 

Les origines de la réplique

 

Le port de Rochefort, créé avec son arsenal au bord de la Charente par Colbert sous Louis XIV a construit de nombreux navires au XVIII e siècle, dont des frégates comme l'Hermione, mais aussi de grands vaisseaux comme la Ville de Paris, le vaisseau du comte de Grasse en 1781 . Mais le port et la ville de Rochefort ont traversé un déclin qui semblait irrémédiable au début du XX e siècle. Il fallait réhabiliter le patrimoine de la cité afin de favoriser son développement par une sorte de renaissance. D'où la restauration de la grande Corderie Royale (373 m de long) de 1976 à 1987 qui a été alors le plus grand chantier de restauration d'un monument historique (Document 4. Tableau de Rochefort par Joseph Vernet). L'équipe municipale a alors l'idée de reconstruire un navire né à Rochefort et célèbre : l'Hermione. Une association est créée en 1992 et dirigée d'abord par l'écrivain Erick Orsenna, puis par un franco-américain, Benedict Donnelly dont le père a participé à la Libération de la France en 1944 et a épousé une parisienne. Il s'agit de reconstruire à l'identique l'Hermione pour un voyage aux Etats-Unis sur les traces de La Fayette ainsi que pour des navigations exceptionnelles

 

Document 4_ Le port de Rochefort en 1762 par le peintre Joseph Vernet, musée de Rochefort, la corderie royale apparaît à droite.
Document 4_ Le port de Rochefort en 1762 par le peintre Joseph Vernet, musée de Rochefort, la corderie royale apparaît à droite.

 

 

La construction de la réplique en 17 ans

 

La réplique de l'Hermione est construite de 1997 à 2014 dans la forme de radoub (bassin accueillant un navire en construction) du XVII e siècle à Rochefort . La reproduction a pris 17 ans car les artisans ont été moins de 10 à travailler sur la réplique et il a fallu retrouver un savoir-faire en partie disparu. Le charpentier de marine de Saint-Malo, Raymond Labbé, a joué un rôle-clé dans la construction de la réplique, ainsi qu'un ébéniste spécialiste de navires de la marine Royale du XVIII e siècle, Jean Thomas, en lien avec le Centre de recherche pour l'architecture et l'industrie nautique de La Rochelle. Deux documents d'époque ont permis de reconstruire l'Hermione : un plan de la frégate Concorde qui a inspiré ce type de frégate et qui se trouve au musée de la marine à Greenwich dans la banlieue de Londres, ainsi que des données chiffrées provenant du musée de l'armée à Vincennes. L'entreprise de charpente Asselin, une PME des Deux-Sèvres, a été choisie par l'association pour reconstruire l'Hermione. Pendant 17 ans, une vingtaine d'artisans traditionnels différents se sont relayés pour refaire vivre l'Hermione : charpentiers, menuisiers, tourneurs sur bois, cordiers, gréeurs, tonneliers, peintres, sculpteurs sur bois. Mais la réplique intègre aussi des éléments modernes pour sa sécurité dont un moteur, un radar et une radio. Il a fallu environ 3000 chênes pour fournir le bois de la frégate ! Mais les parties supérieures du navire sont en un bois plus léger, non le sapin utilisé jadis, mais le pin-douglas, espèce américaine semée en France au XIX et qui était toute désignée pour la reconstruction du symbole de l'amitié franco-américaine. Le chantier a été ouvert au public pendant toute la période de construction, ce qui a financé une grande partie de la réplique (4 millions de visiteurs se sont succédés!) avec la vente de souvenirs et les adhésions des nouveaux adhérents à l'association (7000 adhérents en 2015!). Le reste a été financé par les Collectivités publiques (commune, département, région, Etat, UE), et enfin pour une faible part avec le mécénat.

 

 

La frégate Hermione navigue en 2015 et va aux Etats-Unis d'Amérique

 

C'est une frégate très réussie de 45 mètres de long et 3 mâts, qui va vite sur l'eau avec ses voiles de 47 mètres de hauteur et de plus de 2000 m2 de surface, elle glisse et ne génère pas de vague d'étrave et ne tangue pas. Sa vitesse maximale est de 14 nœuds.

L'Hermione est dirigée par le commandant Yann Cariou (ancien capitaine du Belem) et les membres d'équipage proviennent d'une pluralité de corps de métiers ayant été formés pour apprendre à être marin comme au XVIIIe siècle.

L'Hermione a effectué 2 escales en Bretagne en juin et juillet : St Malo et Brest. De retour à son port d'attache, Rochefort, le 23 juillet, elle a effectué une manoeuvre : rentrer en marche arrière ! Le 18 avril 2015, elle célèbre son départ pour les États-Unis qu'elle atteint le 31 mai en Caroline du Nord. Après de multiples escales américaines, à Yorktown le 5 juin et NY le 4 juillet, elle revient en France le 10 août à Brest (Document 5).

Revue "Chasse-marée" , avril 2015
Revue "Chasse-marée" , avril 2015

 

Le 29 août 2015, elle retrouve son port d'attache à Rochefort où de grandes fêtes de reconstitution d'époque sont organisées.

 

La frégate doit venir en Méditerranée à Sète en mars 2018.

 

 

 

Sources :

_le site officiel de l'Hermione: https://www.hermione.com/accueil/

 

_revue Chasse-marée et Ouest-France, Hors-série N. 1 : « L'épopée de l'Hermione »

 

_Anne Jean Jacques Scipion de la Croix de Castries, Souvenirs maritimes, 1820

 

 

 

DUMAS Tom et BORRON Clément, élèves de 1e S2 et leur professeur CM. Décembre 2016