De la bataille de la baie de Chesapeake à la bataille de Yorktown (septembre-octobre 1781)

 

Document 1_ Gudin, La bataille de Chesapeake, musée national de Versailles. A droite, l'escadre anglaise de l'amiral Graves défile le long de la flotte française dont le vaisseau du comte de Grasse "ville de Paris" canons tonnant.
Document 1_ Gudin, La bataille de Chesapeake, musée national de Versailles. A droite, l'escadre anglaise de l'amiral Graves défile le long de la flotte française dont le vaisseau du comte de Grasse "ville de Paris" canons tonnant.

 

C’est le 5 septembre 1781, près de l’embouchure de la baie de Chesapeake, qu'a eut lieu l’une des plus importantes batailles navales de la guerre d’indépendance des Etats-Unis, opposant les forces britanniques commandées par le contre-amiral Thomas Graves et les forces françaises commandées par le comte et lieutenant-général François-Joseph Paul de Grasse (Document 2).

 

Document 2_ François-Joseph Paul de Grasse, lieutenant-général de la marine royale, il commande la flotte de l'Atlantique à partir de 1781. C'est un marin courageux,  qui a été formé à l'ordre de Malte.
Document 2_ François-Joseph Paul de Grasse, lieutenant-général de la marine royale, il commande la flotte de l'Atlantique à partir de 1781. C'est un marin courageux, qui a été formé à l'ordre de Malte.

 

Cette bataille a opposé 24 vaisseaux de ligne pour le Royaume de France et 21 vaisseaux de ligne pour Royaume d'Angleterre. Mais cette bataille navale a été le prélude d' une opération militaire plus vaste intégrant des forces navales et terrestres, c'est-à-dire une opération combinée menée avec succès par les franco-américains dans la baie de Chesapeake à Yorktown.

 

Pourquoi et comment cette bataille a t-elle eu lieu dans la baie de Chesapeake? Quel a été la participation réelle des français aux côtés des américains ? Quel a été enfin son rôle dans la guerre d'Indépendance en Amérique ?

 

 

 1_ les forces en présence en juillet 1781

 

 Dans l'été 1781 les quatre plus grandes puissances navales du monde sont en guerre. La France, l’Espagne et les Provinces-Unies sont ralliées aux insurgés américains combattant pour leur indépendance la Grande-Bretagne. Celle-ci peut compter sur des forces navales très imposantes, mais dispersées entre la côte américaine et les Antilles, la distance entre ces deux lieux nécessitant environ un mois de navigation. La flotte anglaise comprend deux escadres, celle du contre-amiral Graves à Newport sur la côte américaine (voir carte 3 ci-dessous) et celle du contre-amiral Hood (15 vaisseaux) aux Antilles à 3000 km au sud, Hood ayant remplacé le 1er août 1781 le vice-amiral Rodney, excellent marin mais malade et reparti vers l'Angleterre avec 4 vaisseaux, ce qui réduit sensiblement la puissance de la flotte anglaise. Ces forces navales anglaises peuvent ainsi ravitailler aux EU les armées des généraux anglais Clinton vers NY et Cornwallis au sud en Virginie notamment à Yorktown.

 

En face, l'effort de guerre repose surtout sur la France, car l'Espagne, craint une révolution de ses colonies, et refuse tout soutien direct aux Américains. Les forces françaises sont terrestres avec les troupes du comte de Rochambeau à Newport (au nord de New York) qui commande le corps expéditionnaire français envoyé aux Etats-Unis en juillet de l'année précédente et celle du marquis de La Fayette (que Washington a promu major général) en Virginie vers Yorktown et la baie de Chesapeake. Deux escadres françaises peuvent aussi intervenir : celle du comte de Grasse dans les Antilles à Saint-Domingue (26 vaisseaux) qui commande la flotte française de l'Atlantique et celle de Barras (8 vaisseaux) proche de Newport.

 

L'enjeu pour les dirigeants des forces navales anglaises est de surveiller la puissante escadre du comte de Grasse, à l'aide notamment de frégates rapides envoyées aux avant-postes (et parfois capturées par l'ennemi) en empêchant notamment celle-ci de prêter main forte aux « insurgents » sur la côte américaine, tout en gardant le contrôle des possessions britanniques dans les Antilles. L'amiral de Grasse veut, lui, échapper à la surveillance des frégates anglaises et éviter d'affronter l'ensemble des forces navales anglaises. Il est chargé de protéger les possessions françaises dans les Antilles, d'escorter les convois vers la France et d'intervenir éventuellement sur la côte américaine pour secourir les « insurgents » à l'initiative des chefs de guerre français, Rochambeau notamment, Versailles donnant fort peu d'instructions sur ce plan.

 

Or, en juillet 1781, la situation militaire est très difficile sur le terrain pour les forces franco-américaines (carte 3). A NY, les forces des généraux Washington et Rochambeau sont menacées d'encerclement par les troupes du général anglais Clinton, alors que plus au nord, à 250 km, l'escadre de Barras est bloquée à Newport par celle de Graves, Barras attendant une aide de l'amiral de Grasse. Enfin, au sud en Virginie les troupes du marquis de La Fayette risquent d'être vaincues par l'armée du général anglais Cornwallis qui a écrasé les Etats du sud et envahi la Virginie. Ainsi le général Washington, comme Barras attendent l'arrivée de l'escadre de l'amiral de Grasse afin de gagner la bataille de NY..

 

Document 3_ Carte du littoral atlantique des Etats-Unis en 1781 avec les forces en présence regroupées vers la baie de Chesapeake
Document 3_ Carte du littoral atlantique des Etats-Unis en 1781 avec les forces en présence regroupées vers la baie de Chesapeake

 

2_ un concours de circonstances favorable aux franco-américains

 

Le vice-amiral Rodney estime aussi que de Grasse va attaquer au nord entre Newport et NY réalisant ainsi sa jonction avec l'escadre de Barras afin de lancer avec les forces terrestres de Washington et Rochambeau une offensive pour prendre NY. En conséquence, le contre-amiral Hood, qui a remplacé Rodney appareille le 10 août d'Antigua dans les Antilles avec 14 vaisseaux afin de longer la côte américaine de la Virginie jusqu' à NY à la recherche de la flotte française.

 

Or, dès le 4 août, l'escadre de Grasse a quitté le cap Français à Saint-Domingue (Doc. 4) avec 26 vaisseaux (et même bientôt 28) et 3500 hommes à bord. De Grasse a en effet renoncé à escorter vers la France un convoi de 160 navires marchands chargés de sucre, épices, cacao et indigo et qui attendra au cap Français le retour de l'escadre de l'amiral sous la protection de nos alliés espagnols. C'est qu'à la demande du comte de Rochambeau et du général Washington, de Grasse fait voile vers la baie de Chesapeake dans le but d’y acheminer des troupes ( et aussi la solde des soldats) et d'y remporter une victoire décisive contre les 8 000 soldats (soit le tiers des forces britanniques) du général anglais Cornwallis à Yorktown (carte 3)

 

Document 4_ Arrivée de la flotte du comte de Grasse à Saint-Domingue en juillet 1781
Document 4_ Arrivée de la flotte du comte de Grasse à Saint-Domingue en juillet 1781

 

Pour déjouer la surveillance des frégates anglaises, l'escadre de Grasse emprunte une voie maritime dangereuse entre Cuba et les îles Bahamas, encombrée de récifs et de bancs de sables et soumise à de violents courants et vents contraires. Puis le 19 août l'escadre française s'engage dans le détroit entre la Floride et les Bahamas, puis remonte vers la Géorgie et la Caroline du Sud et le 30 août, elle parvient dans la baie de la Chesapeake qui est vide de navires ! En effet, l'escadre de Hood, partie le 10 août d'Antigua, est arrivée par une route maritime plus facile, dès le 25 août dans la même baie de Chesapeake et, ne voyant aucun navire français, Hood s'est dépêché de rejoindre NY, pensant que tous les navires français s'y étaient dirigés afin de gagner la bataille de NY avec le général Washington contre les forces anglaises...

De Grasse peut alors débarquer ses 3500 hommes qui rejoignent l'armée de La Fayette et également bloquer l'entrée de la baie de Chesapeake avec ses navires situés à l'abri dans la baie de Lynnhaven à l'ouest du cap Henry. Le général anglais Cornwallis, qui contrôle le fort de Yorktown, est ainsi menacé d'encerclement par le déploiement des troupes au sol et il ne peut plus être ravitaillé par la mer, les navires français barrant le passage aux britanniques.

A Philadelphie, l'arrivée de l'escadre française dans la baie de la Chesapeake est célébrée par les insurgents comme le remarque l'historien J.J Antier : « La foule de Philadelphie se porta devant la résidence du ministre français, M. de La Luzerne (…) et manifesta son allégresse aux cris de « Vive Louis XVI ! ». Toute la ville était transportée d' espoir, d'exultation et de ferveur patriotique et l'armée [française] passait dans les rues sous une tempête de fleurs jetées des fenêtres. Les uniformes blancs et bleus du régiment du Bourbonnais et des Deux-Ponts, ceux, roses, du Soissonnais, étaient la preuve visible que le plus grand monarque d'Europe continentale faisait cause commune avec eux ».

Sur terre, George Washington, qui a appris les buts français d'attaquer dans la baie de la Chesapeake, décide dès le 15 août de quitter la région de NY pour faire route vers le sud avec ses troupes pour rejoindre la baie de Chesapeake, de même que Rochambeau parti de Newport le 17 août. Mais pour procéder à ce grand regroupement de forces franco-américaines dans la baie de le Chesapeake et vaincre les britanniques, les soldats de Washington et de Rochambeau doivent parcourir respectivement une distance de 500 et 800 km à marche forcée (voir la route Rochambeau, carte 3). Le 6 septembre, les 15000 soldats américains et français de Washington et Rochambeau se rejoignent enfin au nord de la baie de la Chesapeake vers Baltimore. Ils vont alors être acheminés vers le sud de la baie, c'est-à-dire Yorktown par des navires français.

De même Barras et sa petite escadre (8 vaisseaux) se dirige également vers la baie de Chesapeake afin de renforcer les forces françaises.

Mais dès le 31 août, Hood et Graves, qui savent que leurs adversaires privilégient désormais une grande attaque au sud, sans doute dans la baie de la Chesapeake, qui , étant la plus grande baie, se prête à un débarquement et à une action combinée sur terre et sur mer, appareillent avec leurs escadres regroupées, soit 21 vaisseaux, afin d'intercepter les navires français au sud.

 

 

3_ deux batailles décisives

 

De Grasse qui souhaite attaquer de suite la citadelle anglaise de Yorktown avec ses troupes et celle de La Fayette, avant l'arrivée de la grande flotte anglaise à l'entrée de la baie, doit cependant attendre l'arrivée des soldats de Rochambeau et Washington à la demande de ce dernier. Mais de Grasse sait aussi que l'escadre française, commandée par le comte de Barras et partie de Newport vers la baie de Chesapeake, risque de rencontrer la puissante escadre de Hood et d'être détruite.... Il a donc deux options : bloquer la baie de Chesapeake et assurer une victoire terrestre aux Franco-américains ou appareiller vers le nord et aider Barras dans une éventuelle bataille navale contre Hood mais permettre alors à la garnison anglaise de s'enfuir de Yorktown par mer avec ses navires...

 

Les anglais à Yorktown, quant à eux, ne disposent pour se défendre que de soldats et des canons de la citadelle et de quelques navires de faible puissance (un petit vaisseau de 44 canons, une frégate et quelques corvettes) sous la protection des batteries de la citadelle.

 

De Grasse a envoyé de petits navires bloquer les embouchures des rivières York et James qui délimitent le site de la presqu'île de Yorktown, il promet aussi au général Washington de prélever 1800 marins ainsi que des canons de sa flotte pour la bataille terrestre à venir. En outre, comme il a promis à Washington, de petits bâtiments français vont attendre dans le nord de la baie les troupes de Rochambeau et Washington pour les acheminer vers le lieu de la bataille au sud, alors que des chaloupes françaises transportent aussi les 1600 hommes du général américain Waine qui arrivent de Caroline du nord. Le 5 septembre, les troupes françaises débarquées par de Grasse et commandées par le marquis de Saint-Simon font leur jonction avec celles de La Fayette à l'ouest de Yorktown, empêchant ainsi toute fuite possible des anglais vers l'intérieur des terres.

 

Le 5 septembre, une frégate française signale à de Grasse l'arrivée de la flotte ennemie de 27 navires dont 21 vaisseaux, dirigée par les amiraux Hood et Graves qui vient porter secours aux troupes du général Cornwallis. De Grasse ordonne alors l'appareillage immédiat, alors que de nombreux marins français sont encore occupés à terre à débarquer des troupes et que les conditions nautiques sont défavorables aux français : le vent provient du large, la marée est montante et la passe entre les caps Charles et Henry est réduite à cause d'un gros banc de sable. Mais l'entraînement intensif auquel les marins français ont été soumis grâce aux soins de Grasse paie : vers 14 heures, une flotte d'une trentaine de navires dont 24 vaisseaux (soit 1794 canons) a réussi à sortir de la passe et a formé une ligne de bataille avec l'avant-garde de Bougainville à bord de l'Auguste (80 canons), le corps de bataille de l'amiral de Grasse sur la ville de Paris (très grand vaisseau à trois ponts de 104 canons, Document 5), puis l'arrière-garde du marquis de Monteil sur le Languedoc (80 canons). De Grasse n'a laissé que quatre vaisseaux garder la baie.

 

Document 5_ Le vaisseau à trois ponts et 104 canons du comte de Grasse, "la ville de Paris"
Document 5_ Le vaisseau à trois ponts et 104 canons du comte de Grasse, "la ville de Paris"

 

 

L'amiral anglais Graves aurait pu attaquer l'avant-garde de Bougainville, alors que le reste de la flotte de Grasse n'était pas encore sortie de la passe. La flotte anglaise, qui comprend 21 vaisseaux (soit 1410 canons) est elle-même en ligne de bataille, elle est également formée d'une avant-garde commandée par l'amiral Drake sur la Princess (74 canons), du corps de bataille de l'amiral Graves sur le London (vaisseau à trois ponts de 98 canons) et de l'arrière-garde de l'amiral Hood sur le Barfleur (98 canons, le nom français de ce navire rappelant une victoire française en 1692 sous Louis XIV et dont l'issue fut en définitive favorable aux anglais qui avaient réussi à brûler plusieurs vaisseaux français échoués à la Hougue)

Si les français semblent avoir l'avantage en puissance de feu, ils ont pourtant des points faibles:les anglais possèdent une artillerie de meilleure qualité avec notamment leurs caronades et leurs vaisseaux dont la coque est déjà doublée de cuivre sont plus rapides. Surtout les anglais ont l'avantage du vent, alors que 1890 marins français sont restés à terre...

 

Mais Graves attaque trop tard alors que les deux flottes ennemies se font face à distance. La bataille dure environ deux heures dans l'après-midi (Document 1). Les avant-garde s'affrontent d'abord, puis les corps de batailles, mais l'arrière-garde de Hood, trop éloignée ne participe guère au combat, qui est rude. De nombreux navires sont endommagés de part et d'autre, notamment 5 vaisseaux anglais très durement touchés (dont un que les anglais devront détruire) et les anglais ont 90 morts contre 230 tués et blessés côté français (selon JJ Antier).

 

 

Suite à cela, les Britanniques rompent le combat et prennent la fuite, les deux flottes se suivent alors à distance pendant 4 jours, mais les anglais refusent à plusieurs reprises le combat et Graves refuse la proposition de Hood d'aller attaquer la flotte française au mouillage dans la baie de Chesapeake. De Grasse rentre dans la baie de Chesapeake le 11 septembre et y trouve l'escadre de Barras forte de 12 vaisseaux, qui a débarqué des renforts et de l'artillerie pour le siège de Yorktown, alors que deux frégates françaises capturent les deux frégates anglaises envoyées en reconnaissance dans la baie par Graves. La flotte française, forte de 36 vaisseaux, contrôle définitivement la baie. L'escadre de Graves repart vers NY.

 

H E Jenkins, historien anglais de la marine reconnaît que cette bataille navale de la Chesapeake, bien qu' « indécise », fut « l'une des plus décisives du monde [et permis aux ] Etats-Unis d'Amérique (…) de naître ». Le 17 septembre 1781, de Grasse reçoit sur son vaisseau, décoré aux couleurs de la France et des Etats-Unis et avec tous les honneurs, le général en chef de l'armée américaine George Washington, ainsi que les généraux français Rochambeau et La Fayette (Document 6). Mais le temps presse car l'escadre de Grasse doit retourner aux Antilles en octobre pour aider les espagnols à reprendre la Jamaïque puis escorter des navires marchands vers la France et une nouvelle escadre anglaise menace de surgir à l'entrée de la baie.

 

Document 6_ Rencontre entre le général G. Washington (1m94) et l'amiral de Grasse (plus de 2m) sur le vaisseau français "la ville de Paris" le 17 septembre 1781. Peinture dans le salon du croiseur français de Grasse dans les années 1960-70
Document 6_ Rencontre entre le général G. Washington (1m94) et l'amiral de Grasse (plus de 2m) sur le vaisseau français "la ville de Paris" le 17 septembre 1781. Peinture dans le salon du croiseur français de Grasse dans les années 1960-70

 

 

A terre, George Washington, le comte de Rochambeau et le marquis de La Fayette, mettent en place le siège des 16 000 anglais à Yorktown avec 9000 soldats américains et 7000 soldats français sans compter quelques centaines d'hommes prélevés sur les 30 000 des navires français qui commencent d'ailleurs à manquer d'eau et de nourriture saines. Parmi ces français qui participent au siège de Yorktown, citons Armand Charles de La Croix de Castries, fils de Charles Eugène de Castries, ministre de la marine de Louis XVI. Armand Charles est colonel dans l'armée du comte de Rochambeau. Il s'agit là d'une famille toute entière dévouée au service du Roi et de l'Etat au plan politique et militaire.

Le 28 septembre, les troupes de Washington lancent une première attaque contre les positions anglaises Depuis la baie, les vaisseaux français pilonnent la ville et des embarcations plus petites contrôlent l'embouchure des rivières James et York qui délimitent le site de la bataille. Les soldats s'emparent progressivement des redoutes ennemies entourant les fortifications anglaises, les troupes dirigées par le lieutenant commander Alexandre Hamilton ainsi que le baron de Vioménil se distinguent particulièrement sous le feu adverse. De Grasse, malade du paludisme, hésite à envoyer des navires trop gros dans les rivières redoutant des brûlots anglais (qui ont déjà été utilisés, en vain, contre l'escadre française). Le 17 après l'échec d'une contre-offensive anglaise, Lord Cornwallis fait savoir qu'il souhaite négocier la capitulation de Yorktown qui devient effective le 19 octobre.

 

Les vaincus (anglais, quelques soldats allemands et aussi des américains loyalistes) défilent ,aux sons des tambours rendant les honneurs, entre deux lignes de près de 2 km composées des troupes américaines et françaises face à face, avant de déposer leurs armes (Document 7).

 

Document 7_ Capitulation du général Cornwallis à Yorktown le 19 octobre 1781, peinture de John Trumbull
Document 7_ Capitulation du général Cornwallis à Yorktown le 19 octobre 1781, peinture de John Trumbull

 

 

Le général Washington, commandant en chef des forces franco-américaines écrit au président du Congrès américain qu'il s'estime « endetté à l'égard du comte de Grasse et des officiers de la flotte sous son commandement pour l'aide importante et l'appui (…) donnés. Entre eux et l'armée [américaine], la plus heureuse émulation de sentiments et de vue a permis une coopération et des relations des plus harmonieuses ». Les anglais ont perdu 156 hommes sans compter les nombreux esclaves noirs ayant travaillé aux fortifications et à la défense d'York, les alliés ont perdu 88 hommes dont 60 français.

L'amiral anglais Rodney a reconnu lui-même, ignorant volontairement les « insurgents », que « la France a remporté la plus grande victoire et [que] rien ne peut plus sauver l'Amérique ». Le 28 octobre 1781, le congrès américain , après avoir loué « la bravoure (…) le zèle et l'ardeur » des forces françaises, a décidé d'ériger une « colonne de marbre ornée des emblèmes de l'alliance entre les Etats-Unis et Sa Majesté Très Chrétienne... «  ( J J Antier).

Ce sont bien les actions militaires combinées franco-américaines qui expliquent la chute de Yorktown en 1781, puis l'indépendance effective des Etats-Unis lors de la fin de la guerre l'année suivante avec le départ des anglais de NY, puis le traité de Paris en 1783.



La France tient enfin sa revanche (préparée depuis Choiseul) sur l'Angleterre en dépouillant sa rivale de sa grande colonie d'Amérique, mais pour permettre à une colonie de devenir une nouvelle Nation, un tel exemple sera médité par toutes les personnes éprises de liberté.

 

 

Sources consultées:

_sitographie :

 

http://www.histoire-et-actualite.fr/commemoration-de-la-semaine/230e-anniversaire-de-la-bataille-de-la-baie-de-chesapeake-818.html

https://www.herodote.net/almanach-ID-2671.php

http://www.cincinnatidefrance.fr/histoire/172-la-victoire-de-la-chesapeake-et-d-yorktown-5-septembre-19-octobre-1781

 

_ouvrages :

 

Jean-Jacques ANTIER, L'amiral de Grasse, héros de l'indépendance américaine, Ouest-France, 1991, 341 pages

H.E JENKIS, Histoire de la marine française, Michel Albin, 1977, 428 pages

 

DOUSSON Eva et BACAVE Ines élèves de 1e S2 et leur professeur CM. Décembre 2016