L’escadrille La Fayette, symbole de l’alliance franco-américaine
Des américains ont combattu en France pendant la Guerre de 1914-18 alors même que leur gouvernement n’était pas encore entré en guerre contre l’Allemagne, ils étaient pilotes et appartenaient à l’escadrille La Fayette (Document 1).
Comment combattre aux côtés de la France dans la Grande guerre alors que les Etats-Unis sont encore neutres ?
Au début de la Première Guerre Mondiale, en 1914, de nombreux volontaires américains, dont certains vivaient alors en France, souhaitaient combattre pour la France malgré la neutralité des Etats-Unis. Ces jeunes, recherchaient l'aventure et voulaient également participer à la défense de la République Française, grande démocratie comme les Etats-Unis d’Amérique. Certains savaient aussi que la France du XVIII e siècle avait également aidé militairement les insurgés américains afin d’obtenir leur indépendance, sous l’impulsion d’abord du jeune et fougueux marquis de La Fayette, puis sous l’autorité du Roi Louis XVI. (Document 2).
La situation de ces américains voulant combattre en France alors que leur pays était encore neutre était tout à fait semblable à celle du marquis de La Fayette en effet : à l'âge de 19 ans dès juin 1777, La Fayette avait rejoint les Etats-Unis après des péripéties rocambolesques, sur un navire qu’il avait lui-même acheté et qui transportait 6000 fusils, afin de se battre aux côtés du général américain George Washington, alors que le Roi Louis XVI ne décide de s’engager militairement auprès des Etats-Unis qu’à partir de février 1778.
Mais, si ces pilotes américains s'engageaient dans l’armée française, ils perdaient leur nationalité américaine. Heureusement pour eux, l'ambassadeur des Etats-Unis en France les fit s'engager dans la Légion étrangère et dans les services ambulanciers volontaires afin qu'ils puissent rester américains.
La création et l’action de l’escadrille La Fayette en France
Née de la volonté du pilote américain Norman Prince (1887-1916) de créer une escadrille composée uniquement de pilotes américains (Document 3), l'escadrille La Fayette apparut le 20 avril 1916 à Luxeuil-les-Bains dans les Vosges après un accord entre les Etats-Unis et la France, suite à une mobilisation de l’opinion et des médias en faveur de ce projet des deux côtés de l’Atlantique. L’escadrille avait choisi comme emblème une tête de chef indien sioux suggérant la combattivité des pilotes (Document 4)
Commandée par le capitaine français Georges Thénault (Document 3), elle était composée en majorité de volontaires américains. Au nombre de 43, ils apprenaient à piloter au centre d'aviation de Pau avant de rejoindre le front. Capables d'aller jusqu'à 200 km/h à bord des avions Nieuports ou Spads (Document 5), ils se battirent pendant 23 mois des Vosges à la Picardie en passant par Verdun en mai 1916, et effectuèrent plus de 3000 patrouilles de combat.
Ces 38 pilotes américains et ces 5 officiers français connurent 38 victoires homologuées et plus d'une centaine non homologuées sur des avions ennemis. 9 d'entre eux furent abattus dans les airs, dont l’ « as » américain Raoul Lufbery (17 victoires homologuées, Document 6).
L’ « as » français Charles Nungesser a été également pilote dans cette escadrille en 1916 (Document 7). Il a 43 victoires homologuées à la fin de la guerre malgré les suites de blessures au combat. Après la guerre, voulant toujours se surpasser, Charles Nungesser tente avec François Coli la traversée de l’Atlantique en 1927 avec son avion « L’oiseau blanc » qui s’écrase avant d’arriver à New York, deux semaines avant l’exploit de Charles Lindbergh.
Ces héros américains furent les premiers pilotes de guerre des Etats-Unis et contribuèrent à la victoire de la France en 1918. Ainsi pendant le Première Guerre Mondiale, du fait de la renommée croissante de l’escadrille La Fayette et des demandes d’engagement de volontaires américains, le corps d’aviation La Fayette fut créé en juin 1916 : le « La Fayette Flying Corps » qui a engagé, dans les combats sur le front Ouest en Europe, 269 pilotes américains, répartis dans diverses unités françaises en plus de l’escadrille La Fayette.
Cette escadrille fut donc créée un an avant la déclaration de guerre américaine à l’Allemagne le 6 avril 1917. Le 4 juillet 1917, jour de la fête nationale américaine, le général américain Pershing, qui commandait l’armée américaine intervenant en Europe, vint s'incliner devant la tombe du marquis de La Fayette au cimetière de Picpus à Paris devant une foule immense (Document 8).
Mémoire et survie de l’escadrille La Fayette
En 1918, l’escadrille La Fayette devint la première escadrille de chasse de l’armée de l’air américaine. On peut donc dire que l’aviation militaire américaine est née en France.
Un mémorial (Document 9) de l’escadrille La Fayette a été construit après la première guerre mondiale, grâce à de nombreux donateurs américains, français et européens, à Marne-La-Coquette dans le parc de St-Cloud afin d’honorer la mémoire des pilotes américains de l’escadrille La Fayette et perpétuer leur engagement, notamment au cours de deux cérémonies, le 11 novembre et fin mai avec un survol par les forces aériennes françaises et américaines. 68 pilotes américains morts pendant la Première guerre mondiale sont inhumés dans la crypte du mémorial. Le commandant français, Georges Thénault mort en 1948 a voulu être inhumé dans ce mémorial près de ses frères d’armes.
Aujourd'hui, l'Escadron de chasse 2/4 « La Fayette » est toujours en service dans l’aviation française, avec depuis 1989, des Mirages 2000-N et des Rafales à partir de 2018 (Document 10) et assure sa mission de dissuasion nucléaire tout en intervenant également dans des opérations extérieures (Bosnie en 1994, Libye en 2011), opération Chammal en 2015).
Le 20 avril 2016 à Marne-La-Coquette, une cérémonie célébrant le centenaire de la création de l’escadrille La Fayette a réuni pour la France le secrétaire d’Etat aux anciens combattants et à la mémoire, Jean-Marc Todeschini et son Excellence, madame Jane D. Hartley, ambassadeur des Etats-Unis en France (Document 11).
Sources consultées :
_film documentaire (7mn 57) de Baptiste LEON, ministère de la Défense, SGA, ECPA, DMPA ( Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives), agence d’images de la Défense.
http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/lescadrille-la-fayette
_Dossier de presse du ministère de la Défense consacré au centenaire de la création de l’escadrille La Fayette, Marnes-La-Coquette, le 20 avril 2016
Traduction/Abstract :
At the beginning of the World War One, in 1914, many American volunteers wished to fight for France despite the United States' neutrality. These young men, looking for adventure, wanted to join the fight to do something meaningful and get involved in an important event of History. But, if they took part in the fight, they would lose their American nationality.
Luckily for them, the United States ambassador in France allowed them to enter the foreign Legion and the voluntary ambulance services in order to keep their American citizenship.
Lafayette's squadron was created by Norman Prince on the 20th April 1916 in Luxeuil-les-Bains. Commanded by Capitaine Georges Thénaud,this squadron was mostly composed of American volunteer brainees. 43 men brained to become pilotes at the aviation center in Pau before joining the front. Capable of reaching 200km/h, Nieuports and Spads planes fought for 23 months from Vosges to Picardie and completed more than 3000 combat missions. These 38 American pilotes and 5 French officers are recognized for being part of 38 acknowledged victories and more than 100 unacknowledged victories. 9 of the American pilots crashed in the air.
These heroes were the first American war pilots and they contribued to saving France. During World War One, 269 American pilots were part of 24 French combat units within the Lafayette Flying Corps, following the first victories of the original squadron.
Since 1989 until nowadays, the Hunting Squadron 02.004
« Lafayette » has still been in service on the Mirage 2000N and soon Rafale.
Emilien Pagès, Marianne Nebout, Léa Roche, Jean Roubieu, Nathalie Filarski
Sous l’encadrement de leur professeur d’anglais Elisabeth Gilles et avec des compléments apportés par C. Mazouyer. Juin 2017